Il y a quelques années de cela, Ndinga Jobelvain et Ntsono Darcia avaient trouvé la joie de vivre dans les bras de l'un et de l'autre. Leur amour était plus fort que celui que chacun avait vécu auparavant. Leur rencontre avait eu lieu au Carrefour Des Jeunes dans la ville de Mouila. Rien ne pouvait les séparer ou du moins rien ne semblait les séparer.
Comme tous les jeunes, les deux amoureux n'avaient aucune connaissance de leurs coutumes et traditions. Celles-ci voudraient que quand deux personnes de sexes opposés se croisent, le mieux était de savoir de quelle tribu chacun venait. Car la parenté était bien plus que ce que l'on croyait.
Le contraire de tout ceci entraînait la colère des ancêtres. Ensuite venait la malédiction. Jadis, nul ne s'échappait au sort réservé aux personnes qui ne tenaient pas compte de ces conditions. Cependant, la réalité laisse croire que tous ces interdits n'ont point d'effets sur la jeunesse actuelle. Mais cela n'est pas une raison suffisante pour faire à sa tête.
Ntsono Darcia était issue d'un mariage entre Ntsono Albertine et Mavoungou Cédric. Ce dernier dispensait des cours en art plastique au célèbre Lycée de la ville aux 9 routes. Quant à Albertine, elle avait déjà une progéniture issue d'une précédente relation qui n'était autre que Ndinga Jobelvain. Celui-ci faisait dans le domaine de la santé au C.H.R.M avant de se faire affecter dans la ville aux simulacres. Il avait tant parlé de sa bien-aimée aux siens que tous s'étaient mis en accord pour une rencontre entre les deux familles. Ntsono Darcia en avait aussi parlé à sa mère de son union avec Jobelvain qui était son demi-frère.
Albertine était loin d'imaginer que son futur gendre n'était autre que son fils qui lui avait été arraché dès sa naissance. Car elle était traitée de dévergondée et de pauvre fille pour pouvoir garder un enfant. Elle était même accusée d'être d'handicapée mentale par moment. En toute évidence, elle n'avait pas vu grandir son fils et ne connaissait même pas son véritable nom. Seulement voici ; avant qu'il ne soit affecté, son père et la femme à son père firent une descente dans la ville des hallucinations afin de procéder aux fiançailles.
La surprise fut amère pour chacune des parties de découvrir que les deux tourtereaux avaient un lien de sang. Plus désolant était le refus des vieux sages à une telle union. Cela enfreindrait aux règles de la coutume tant respectée. Cette relation devrait être dissoute dans les plus brefs délais. Mais les jeunes gens ne cautionnaient pas cela. << Ce qui est fait est fait >>, se défendaient-ils.
Ils continuaient à vivre le parfait amour jusqu'à ce qu'ils envisagèrent la conception d'un enfant.
Ntsono Darcia tomba enceinte et l'affaire fit grand scandale. Cette erreur fatale leur fit prendre des responsabilités telle que louer une maison afin de vivre loin de la pression des parents.
La grossesse évolua dans les normes. Puis elle accoucha d'une petite fille. Elle eut un an et ce fut une grande joie. Ce fut surtout une grande victoire sur tout ce qu'on leur avait dit à propos de leur inceste. Mais cette victoire ne dura pas longtemps.
Vint alors cette nuit où Ndinga et Ntsono se réveillèrent à minuit et ne virent point leur bébé. Tout le quartier fut alerté. Les recherches furent lancées dans les vingt quatre heures qui suivirent. Le bébé demeurait introuvable. Selon les uns, la petite fille avait été emportée par les esprits. L'affaire fit le titre de plusieurs journaux de la presse écrite aussi bien que de la presse audiovisuelle. Le bébé du couple Ndinga-Ntsono n'eut point de suite.
Trois jours plus tard, c'est un chasseur en hâte venant de la forêt qui déclara avoir retrouvé le petit enfant. Les autorités, les notables et le couple se rendirent sur les lieux. La découverte fut macabre. Le corps de la petite fille était en pleine décomposition. Seules les asticots et les mouches avaient encore de quoi récupérer.
Grâce à ce chasseur partit en forêt dès six heures pour une partie de chasse aux singes, le mystère était à moitié résolu.
Comme quoi, nos erreurs finissent toujours par nous rattraper.